LE BLOG DE CHRISTEL

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Chabadabada.....

Le dessin ci-dessus est de François Matton

vendredi 19 février 2010

Mon utopie à moi.... la tue télévision




12 Août 2008 Par Christel
Edition : L'utopie
On m'a demandé de faire partie de cette jolie édition, et j'ai accepté. Je me suis dit que ce serait bien de commencer par faire un billet sur mon utopie à moi, avant de parler d'autre choses, plus ou moins utopiques.

Dans UTOPIE il y a :

U de Un régime politique idéal ou de Une communauté d'individus vivant heureux et en harmonie
Il y a le T de Trop idéaliste sûrement, mais qu’est-on en ce monde si on ne porte plus un peu d’idéalisme ?
Il y a la O de On aimerait y croire, mais on doit tous les jours se convaincre pour y croire.
Il y a aussi le P de Peut-on vraiment imaginer une autre société ? Que celle dans laquelle on vit ? Et mieux encore que l’imaginer, avoir Poids sur elle ?
Il y a le I de Irrationnel car il en faut un peu pour l’Utopie qui sans cela ne serait qu’une image plate de la réalité que nous ne connaissons que trop bien.
Il y a enfin le E, le E de Energie, celle de l’Utopique doit être aussi porteuse de sens et de progrès.


L’utopie n’en est pas une si elle ne propose pas de rupture radicale par rapport à un système existant. Loin de l’idée de progrès, l’utopique rêve de changement qualitatif radical. Il rêve d’un autre relationnel social que celui dans lequel il vit, d’un autre jeu politique que celui qu’il voit au jour le jour, d’un autre rapport à l’amitié et à l’amour peut-être aussi…

Mais…..

en relisant certains des articles de cette édition, en relisant d’autres articles et billets, mêmes miens, je me suis fais la remarque que nous regardons parfois un peu trop le passé pour rêver à une autre société.

Est-ce à penser que le passé est mieux que le présent ? Sommes-nous donc si mélancoliques de cet avant qui est enfance pour certain, âge adulte en une autre époque de rêve et de conquête de liberté pour d’autres ?

Je n’ai que 35 ans, mais je me rappelle le village de mon enfance, un village qui n’était pas à l’époque une cité dortoir où les gens ne s’enfermaient pas tous les soirs pour regarder le film du soir, mais participaient à toute une vie sociale axée autour de la fanfare, du ping-pong, de la fête du village, la Sainte Anne ou se faisait un défilé de chars multicolores (faits de papillotes collées). Les gens passaient leurs soirées d’avril à juin à faire les papillotes que d’autres collaient en juillet sur les chars à thème quartier par quartier). D’autres faisaient les costumes des enfants qui, presque tous, montaient déguisés sur les chars le jour de la fête, plus ou moins contents de se retrouver en Princess Leila de la Guerre des étoiles ou en demoiselle XIXème siècle sur un bateau à vapeur américain (c'est là que je ris en moi-même car la demoiselle en question, c'est moi !). Du temps, du temps, du temps passé pour le « grand jour »…. Or la télévision aidant, l’épuisement des anciens et le non renouvellement de jeunes énergies aidant, la fête s’est envolée aux oubliettes d’une utopie irréalisable.

Je crois que c’est un drame de la société française, car d’autres savent encore protéger, entretenir ces moments-là : quand j’ai passé quelques années en Espagne, je me suis fait la remarque que ces communautés là n’ont pas perdu cette utopie de « l’être social » en disparition en France, surtout dans les zones où il fait plus froid, car bien évidemment le soleil aide à rester dehors et à créer des espaces d’échange, de lien social qui perdurent. Les grands fêtes annuelles de certaines villes espagnoles, traditionnelles à souhait font toujours recette et fureur, les petits villages aussi ont leur fête dont ils sont plus que fiers.

Je suis peut-être un peu pessimiste, mais je ne fais que faire le constat de ces villages à l’état relationnel zéro que je vois si souvent en Normandie. Où rares sont les lieux et les événements qui lient les gens d’une manière naturellement intergénérationnelle, comme c’était le cas dans mon village avec cette fanfare, elle aussi passée aux oubliettes car se voulant plus professionnelle et décourageant ceux qui parmi elle, n’avaient d’autre objectif que de passer « un bon moment » et tant pis pour les quelques couacs dus au manque de répétition (« que diable, les agriculteurs, les artisans, ça passe son temps à bosser, pas à répéter les morceaux pour qu’ils soient parfaits, mais alors que diable !)

Mon utopie à moi, ce serait de revoir naître ce genre de lien social là. Mon utopie à moi, ce serait que collectivement, un certain nombre de gens passent en résistance et virent, une bonne fois pour toutes la télévision de leur salon pour ressortir et recréer autant de fêtes de villages que de fanfares, que de club de ping-pong et d’associations actives.

Vous allez me dire que la télévision a bon dos, mais je vous assure que je l'ai vécu, ce desengagement progressif, ce repli en salon devant la télévision. La télévision est, il est temps de le dire haut et fort, un tue être social. Elle est aussi devenue un tue pensée, à mon avis. Ou une fabrique pensée unique, selon la manière dont on la voie. Mais ce n'est pas l'avis de tous.

Je voudrais bien inventer la machine ou le machin tue télévision...

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