La traversée de la guerre de mon grand-père Roger Seigneur

Copie d'un page du carnet original





Je rapatrie ici un billet initialement publié dans l'édition Je me souviens sur médiapart, sur mon grand-père Roger Seigneur décédé à Noël l'année dernière.

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Je me souviens de la traversée de la guerre de mon grand-père. Je me souviens de ses récits de guerre, et ce soir, je vous confie une partie de ces derniers, issu de ses carnets de route. Roger a vécu la guerre 1939-45. Combattant, puis prisonnier, puis évadé, puis caché en France avant de repartir liberer les camps avec les anglais en Allemagne qu'il avait fuit quelques années avant. Quand j'étais adolescente, nous sommes retournés en famille sur les lieux de son camp d'internement en Allemagne, transformé en camping.Un grand moment d'émotion pour mon grand-père que celui-là.

Nous sommes aussi aller rendre visite à un prisonnier allemand qui a passé plusieurs années chez mon grand-père pour qui il travaillait, Fritz, depuis décédé. A l'époque de cette visite, ils ne s'étaient pas revus depuis plus de 30 ans ! Ils sont venus en famille, eux aussi, en France rendre la visite quelques années plus tard.
Mon grand-père a aujourd'hui 99 ans et sa mémoire ne se rappelle plus de ce qui est consigné dans ce carnet que nous avons tenté, le plus fidélement possible, il y a quelques années, de retranscrire avec mon père. C'est un récit écrit au stylo et au crayon de papier dans un petit carnet de poche difficile parfois à déchiffrer.
Mon enfance a été largement baignée de ses souvenirs et de certaines anecdotes que mon grand-père savait raconter pour faire rire et parfois même pleurer. Entre autre, cette evasion des rutabagas qu'il raconte dans ce récit et ce meurtre du chat de la maison du propriétaire de l'usine par un des prisonnier pour pouvoir manger le chat, faute de viande suffisante.... (cela ne figure pas ici, mais c'est une des anecdotes qui m'horrifiait le plus!).


lien vers les carnets retranscrits

Bonne lecture à ceux que cette tranche de vie de mon grand-père interesse. Ce n'est pas un récit, ce n'est pas un témoignage, juste des carnets de route. Durant toute sa vie, mon grand-père les a tenu, pas systématiquement jour par jour, mais presque. Le jour de ma naissance, il a écrit : "Christel, une nouvelle et surement dernière petite-fille. Je suis tellement heureux ce soir, après avoir tenu cette petite chose dans mes bras que les larmes me montent aux yeux, ah puis, flute, à quoi bon vouloir à tout prix les retenir ! "
Je me souviens de lui si souvent, non pas comme il est aujourd'hui, juste l'image de ce qu'il a été toute sa vie, mais comme celui qui m'emmenait au cirque (qu'il aimait plus que moi), qui m'achetait des friands (qu'il mangeait plus que moi), avec qui je jouais de la musique et chantais, et de qui je tiens certains traits de mon caractère, comme un certain entêtement, et une tendance à la boulimie d'intérêts !