LE BLOG DE CHRISTEL

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Chabadabada.....

Le dessin ci-dessus est de François Matton

jeudi 18 février 2010

Rites de passages et autres fredaines..


05 Juillet 2009 Par Christel
Edition : Les francais à l'étranger de Mediapart

Je me pose la question des rites de passage et me demande pourquoi nous n'en avons plus guère en France, si tant est que nous en avons eu. Cette idée m'est venue lors d'une discussion sur le rite de passage des " Schultüte " en Allemagne, ce cône rempli de bonbons et de cahiers d'école, de stylos que les grands parents offrent traditionnellement aux petits enfants le premier jour de l'école.

Dans notre cours de langue, des japonais, des italiens, des espagnols, des anglais, des français, des brésiliens et aucun n'avaient de rite de passage similaire dans leur pays d'origine. Seul le catalan nous a parlé d'un morceau de bois rempli de bonbons et de livres que les enfants devaient ouvrir le premier jour de l'école collectivement. L'origine du Schultüte remonte au début du XIXème. Dans la Sachse et la Thuringe, la tradition voulait que l'on donne aux enfants pour leur premier jour d'école des cornets remplis de fruits secs et de sucreries. A l'époque, les Schultüten étaient remis au maître d'école qui les suspendait alors à un Zuckertütenbaum (une sorte d'arbre en fil de fer) et les enfants devaient y attraper leur Schultüte. On racontait aux enfants que ce Zuckertütenbaumen poussait dans la cave de l'école et que seuls les enfants sages auraient droit d'y cueillir leurs cornets. Ensuite, la coutume s'est répandue dans toute l'Allemagne mais ni la forme, ni le contenu du Schultüte n'ont véritablement évolué.

Je viens de me faire offrir par mon amie Peggy un Schultüte car je vais prendre un poste de professeur dans quelques semaines dans une école Waldorf. Un rite de passage que je n’ai pas eu enfant que je vis avec plaisir aujourd’hui. Car en France, nous n’avons pas de rites de passages de ce genre, il en va de même pour l’Université, je me suis toujours dit que j’aurais adoré fêter mon diplôme à l’américaine ou à l’anglaise avec toge et chapeau de rigueur ! Que nenni, mon diplôme en France je suis allée le récupérer dans un bureau glauque de l’Université ! Sans toge ni fanfare ! Ni fête de fin d’année d’ailleurs.


Meine Schultüte 2009 ! à 36 ans... j'ai juste 30 ans de retard, non?

J’ai lu un livre en 1995 fort intéressant de Arnold Van Gennep « Les Rites de passage », regroupant sous cette appellation tous les rites qui, de près ou de loin, concernent l'entrée ou la sortie par rapport à un groupe social. Il montre que ces rites répondent à un modèle spatial : il y a analogie entre l'entrée ou la sortie par rapport à un groupe et le franchissement d'un seuil ou d'une frontière. Souvent un franchissement réel est inclus dans une cérémonie ; ainsi, pour un mariage, celui du seuil de la maison, ou celui de franchir le seuil de l’école avec son Schultüte. Un schéma qui a cependant l'avantage de rendre compte de la fonction sociale des rites : assurer le passage d'un statut à un autre en imposant une coupure sociale sur un processus biologique continu.

Alors pourquoi n’en avons-nous pas en France ? Aurions nous peu le sens du passage, serions nous donc dans une sorte de continuité sans passage volontairement construite en tant que telle ? Ou plutôt pourquoi les allemands, les anglais les ont gardés ou les chérissent tant ?

Donc de m’interroger, mais ce n’est pas la première fois, je m’interroge aussi beaucoup sur la perte de sens et de vitalité de certaines fêtes traditionnelles de villages remplacées par de grands ou moins grands festivals en France, sur la perte de lieux intergénérationnels de rencontre sociale avec les hypothèses : la télévision et son mode de relation unilatéral nous aurait-elle mal influencés ? (voire cet autre billet de votre serve personne !)


Je ne suis pas sociologue ni philosophe, mais je sais qu’il y en a un bon nombre sur Mediapart, alors cherche réponse à mes interrogations… une idée du pourquoi du comment ?

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