LE BLOG DE CHRISTEL

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Chabadabada.....

Le dessin ci-dessus est de François Matton

jeudi 18 février 2010

Confusion des genres : récit futuriste

17 Mai 2008 Par Christel


En réponse au défi d'écriture de Calou (Pascal) qui m'a provoquée sur la confusion des genres ! Cet article est inspirée de nouvelles lues par hasard dans plusieurs sites et d'un essai que je viens de terminer. Je vais mettre toutes ces informations sources d'inspiration sur l'édition participative ce soir. Là je dois aller travailler, et oui, même le samedi !! Comme dirait Raphaël Jornet : "Salariée, au boulot !"

Penchée sur son ordinateur, elle rentra les données terminales dans le programme. En fond sonore David Sylvian chantait Brilliant trees, instruments feutrés et la mélodie superbe. Paroles adéquates pensa Louna, en blouse blanche devant sa création qui ressemblait à s’y tromper à un homme blond d’une trentaine d’année. Il, car il était encore à l’image d’un homme, et il le serait encore tant qu’il n’aurait pas intégré le nouveau programme. Il mesurait 1m75. L’image était très proche d’un véritable être humain, tout au plus la fixité du regard, pour l’instant, laissait voir que la chose n’était qu’un robot. Tant qu’il ne serait pas sous tension, il en serait ainsi. Physiquement quelque peu androgyne certainement, la chose avait un visage d’ange pouvant être féminin ou masculin, et pour le moment elle avait les mains en l’air, posture dans laquelle l’avait surprise la coupure de tension.
« And there you stand, making my life possible, raise my hands up to heaven, but only you could know…. {Et tu te tiens devant moi rendant ma vie possible, levant es mains au ciel, mais seulement toi peut savoir…. }. Elle traduisait les paroles dans sa tête, et regardant la chose s’adressa à elle :
Et toi, dit-il en le regardant, seras tu aussi génial quand j’aurai changé le programme ?
Elle pensait que vraiment, celui qui avait commencé ce dingue projet, son mentor s’était trompé sur beaucoup de choses. D’abord en faisant de cette créature un homme, juste et seulement un homme, ou plutôt à l’image d’un homme, quand, dès le départ du projet, on aurait pu inclure les modifications qu’elle était en train de faire.
Car, il était nécessaire de le faire. La chose ne pouvait n’être qu’un homme, pas aujourd’hui. Pas pour elle. Plus pour elle. Elle rentra donc les dernières données de profil, de comportement, de voix, de physiologie. A présent, tout était près. Oh, bien sur, il y aurait des retouches à faire, elle n’en doutait pas, des coquilles laissées dans les lignes qui feraient visibles des imperfections dans le comportement de la chose. Mais…. Elles pourraient être corrigées, et au besoin, seulement si nécessaire, on pourrait revenir à l’ancien programme. Il suffirait de changer la carte usb de mémoire cachée sous le talon de la chose.
Elle soupira, épuisée, cela faisait plusieurs heures qu’elle travaillait sans relâche, mais elle tenait à faire l’ensemble des essais avant le lendemain. Ce devait être le jour officiel de présentation de la chose. Devant les caméras, les médias et tout le tralala des scientifiques rassemblés pour voir la prodigieuse création des studios de recherche « robotique nouvelle ».
Elle savait que ce serait un choc. Car tout le monde s’attendait à voir, en toute logique, une chose très masculine. Or elle serait les deux, ou plutôt, au choix de son propriétaire, elle pourrait être ou bien masculine, ou bien féminine. Une fois terminé son travail, elle ferait les essais et ne doutait pas qu’ils seraient réussis. Il faudrait affiner le choix des possibles, mais elle savait que la programmation
Il y avait eu des heures de travail avant ce résultat, combien fois avait-on publié des romans sur des robots humanoïdes avant que soudain, suite à des progrès fabuleux, la science fiction se fasse bien réelle ? Il avait d’abord fallu régler le problème du déplacement. La marche humaine est très complexe à modéliser et fait intervenir de nombreuses parties du corps, et pour reproduire la notion d'équilibre, dans laquelle l'oreille interne, le buste et les bras jouent un rôle important, des dizaines de programmateurs s’étaient cassé la tête, sans parler de faire se relever d’une chute le robot humanoïde ? Puis il avait fallu reproduire le mode de communication humaine, la aussi, que de difficultés ! Combien de chercheurs en intelligence artificielle avant d’en arriver à la chose devant elle qui reconnaît les visages de ses créateurs (et dans le futur de ses propriétaires) et comprend les gestes et mimiques de ces derniers ainsi que leurs paroles ?
Et puis il avait fallu s’attaquer à l’émotion… car tous avaient compris depuis longtemps que rien ne pourrait se faire sans la création d’une émotion artificielle, après une forme d’intelligence, il fallait pour que la chose ait réellement un succès commercial qu’elle puisse transmettre et recevoir de l’émotion.
Et voila, la chose qu’elle avait devant elle était ce résultat. Un peu émue, Louna sortit la carte usb de l’ordinateur et s’approcha du talon relevé. Elle enleva l’autre carte pour la remplacer par la sienne. Puis mit en route le système. L’initialisation allait prendre 10 minutes et David Sylvian de continuer à chanter pendant tout ce temps.
My whole world stands in front of me, by the look in your eyes, by the look in your eyes
My whole life stretches in front of me, reaching up like a flower, leading my life back to the soil » (… ) {Tout mon monde est debout devant moi, dans ton regard, toute ma vie s’étale devant moi, s’ouvrant comme une fleur, me ramenant au sol}- pensa t-elle en traduisant de nouveau les paroles du chanteur. Vraiment la musique adaptée à la nouvelle naissance de la chose, se dit-elle.
Les yeux qui s’ouvrent et s’animent, les bras qui retombent, la posture qui change. La chose, Pascale, dorénavant, prenait « vie ».
- « Bonjour » dit la vois féminine. Je suis Pascal. »
- « Bonjour Pascale, comment vas-tu ? »
- « Je vais bien, je me sens bien aujourd’hui et vous ? »
- « Moi aussi, mais tu dois me tutoyer »
- « Bien, je tutoie donc »
Et un sourire s’étala sur les lèvres de l’humanoïde.
- « Pourquoi tu souris ? » demanda Louna étonnée.
- « Parce que si j’étais en programme masculin, je ne crois pas que tu m’aurais demandé de te tutoyer si rapidement ! »
Louna éclata de rire. Effectivement, la chose gagnait en humour dans sa nouvelle programmation ! Elle l’avait oublié. Ces lignes de programmes là, elles les avait pourtant construites elle-même !
Bon, Pascale, on va faire quelques exercices. Et elle commença les questions comportementales afin de corriger les erreurs. Elle en détecta peu, en fait. Juste une assez drôle. A la question :
- Pascale, comment épelles-tu ton prénom ?
- Pascale répondit bien sur, « P.A.S.C A. L. »!
La voila, se dit Louna, la fameuse coquille qui, le lendemain, à la conférence, aurait fait très mauvais genre !!
Elle corrigea donc la ligne de programmation, plus de confusion de genre dorénavant !

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