LE BLOG DE CHRISTEL

LE BLOG DE CHRISTEL
Chabadabada.....

Le dessin ci-dessus est de François Matton

jeudi 18 février 2010

Le chapeau sur l'étagère (pour Lise)


© Christel

18 Novembre 2008 Par Christel


J’ai mis le chapeau sur l’étagère.

Puis je l’ai regardé, la haut de mon lit. Le chapeau rond avec sa fleur noire stylisée sur le coté, le chapeau de mon arrière grand-mère, chapelière de métier. Ce chapeau, je l’avais sauvé d’un vide grenier il y a quelques années. Gardé, soigné, porté à deux occasions. Pas si facile de nos jours de porter ce genre de jolies choses. Pourtant, certaines occasions s’y prètent.

Comme celle d’aujourd’hui. Aujourd’hui, je suis allée me recueillir, c’est comme ça que disent ceux qui croient, je crois. J’ai cru moi aussi il y a longtemps. Donc, comme ils disent, je me suis recueillie sur la tombe de mon amie Lise. La tombe, quel mot rempli de froideur qui exprime trop bien ce qu’il incarne !

Lise est morte, pas il y a quelques jours, pas hier, pas aujourd’hui, Lise est morte il y a des mois. Mais malgré les moyens de communication modernes, je ne l’ai su que recemment. Bien trop tard pour l’autre mot froid qu’on appelle enterrement, qui a eu lieu en juillet.

Il devait faire beau, enfin pas sur, en Angleterre, dans le Dorset, on ne sait jamais. Je l’entends encore Lise, quand je me levais le matin, en sentant la fameuse odeur de porridge dont elle ne pouvait pas se passer au petit-déjeuner. Ce rituel de phrase, un jeu entre nous, qui chaque fois, déclenchait sinon un sourire souvent un fou rire.

- « And the wheather ? (Lise avait l’habitude de promener le chien tôt le matin, Bella, appréciait. la ballade matinale autant que sa maîtresse, elle aussi).»
- « Who knows ? Not me, seems to be that we won’t be able to reply to this so simple question. Bella, tell us ! »

Et la chienne arrivait, frétillante et avec son regard si triste de cocker que nous en éclations régulièment de rire !

Il faisait froid, un vent glacial dans le cimetière de Wareham, pas loin de l’eglise où se trouve la fameuse effigie habillée en arabe de Thomas Edward Lawrence, qui s’est tué, comme Lise, mais beaucoup plus jeune sur une route du Dorset.

On ne choisit jamais sa mort, et c’est surement mieux. Pourtant, j’aurais aimé qu’elle attende un peu. Lise j’aurais aimé aller lui rendre visite une dernière fois et ballader Bella de nouveau en silence, dans cette campagne verte qu’elle aimait tant.

Lise ne sortait jamais sans un chapeau, ses chapeaux qu’elle gardait précieusement sortes de boites magiques, où du moins, elle me semblaient incroyables tant ce qu'elle en sortait me fascinait. Il y en avait deux ou trois qu’elle m’avait dit qu’elle me léguerait, une mantille adorable. Mais son fils a du se séparer de tant de choses si vite que je n’ai pas eu les chapeaux. Alors, comme je savais que j’allais aller la voir un peu tard, j’ai emmené celui de mon arrière grand mère Charlotte. Une forme de clin d’œil comme un autre, elle aurait apprécié, j’en suis sure. En me rappelant nos essayages de chapeaux devant la froide tombe, je me suis mise à sourire, quand le vent a arraché le chapeau de ma tête et que je suis partie le poursuivant entre les tombes ! Ensuite, je me le suis remis sur la tête, et je me suis mise à pouffer. Cest bizarre de rire devant une tombe dans un cimetière désert, mais qu’est ce que ca fait du bien !

Alors bon vent Lise, je me suis recueillie morte de rire devant ta tombe la semaine dernière, et j’espère que tu as ri aussi de me voir rire avec sur la tête le chapeau de Charlotte. Peut-être bien qu’elle aussi, elle en a ri !!

Aucun commentaire: